Syndicat Unitaire et Pluraliste du Personnel


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Loi pour les 35 heures revue sauce patronale : attention, danger !

Les 35 heures, il les faut, on les veut, même s'il faudra aller plus loin pour en finir avec le chômage, même si nous pensons qu'il est possible d'aller plus loin grâce aux progrés accomplis depuis l'instauration des 40 heures en 1936. Mais les patrons ne veulent pas de cette loi pourtant timide sur bien des points, et tentent de la saboter. A nous de résister à cette pression.

Les 35 heures, il les faut !

Inutile d'insister longtemps sur la situation que nous connaissons tous. Trois millions de chômeurs officiels, ceux qui ne sont plus comptabilisés pour des raisons diverses, les temps partiels non choisis, les " bénéficiaires " du RMI, les stages bidons, les formations parkings, les pré-retraités par force. Tout cela nous méne, selon les statistiques officielles, à six ou sept millions de personnes qui vivent avec moins que le soi-disant S M(inimum) IC. Et pendant ce temps, des salariés, face à la pression de la hiérarchie et au chantage au chômage, sont contraints de faire des heures excédentaires gratuites. Ce sont ainsi, à l'échelle du pays, des centaines de milliers d'emplois qui ne sont pas créés car Le travail est fait gratuitement par les salariés en place : si chacun des 20 millions de salariés fait en moyenne une heure gratuite par semaine, cela représente plus de 500 000 postes de travail !

Les 35 heures, on les veut !

Depuis vingt ans, les 35 heures sont une revendication des salariés et de leurs organisations syndicales. Même qu'aujourd'hui, il faudrait envisager les 32 heures, et sans doute encore moins... Elles avaient déjà été promises pour... 1985 par Pierre Mauroy, lors de l'instauration des 39 heures en 1982 ! Et Le gouvernement actuel a été élu en partie (on n'est pas rancunier !) pour satisfaire cette vieille revendication. Mais aujourd'hui, les patrons sont en train de tout faire pour saboter l'affaire, en exigeant que la loi soit vidée de tout contenu. On risque ainsi de perdre d'avantage que ce que l'on va gagner. Que veut Le Baron Seillére, patron des patrons en tant que chef du CNPF ?

Les patrons veulent saboter la loi

Ce que veulent les patrons qui font un lobbying de tous les diables en ce moment, c'est :
• pouvoir imposer des heures supplémentaires en plus grand nombre, soit 180 heures par an ; quatre heures de plus par semaine, ça raménerait la semaine de travail à 39 heures, pour le prix de quatre heures supplémentaires majorées de 25 %, soit 2,5 % de la masse salariale. Il suffirait de bloquer les salaires pendant un an pour que ça ne coûte plus rien ! Et en plus, pendant les baisses d'activité, ils pourraient supprimer les heures supplémentaires et faire de bonnes économies ;
• réduire ou bloquer les salaires pour des années ; il n'y a pas un mot dans la loi sur le maintien des salaires, contrairement aux engagements pris par Lionel Jospin, et rien n'empêchera les patrons d'imposer baisses et blocages de salaires ;
• ne pas embaucher ; l'obligation d'embauche prévue par la loi ne sera applicable qu'aux entreprises qui passeront aux 35 heures avant la date où cela sera obligatoire (1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de vingt salariés, deux ans plus tard pour les autres). Les gains de productivité et les heures supplémentaires permettront aisément d'absorber la baisse du temps de travail, sans qu'il soit besoin d'embaucher ;
• payer moins de charges sociales ; pour ceux qui anticiperont et donc embaucheront, de substantielles réductions de charges sont prévues, pour une durée de cinq ans, avec obligation de maintien des emplois durant deux ans ;
• annualiser le temps de travail ; cela permettrait d'amortir les à-coups de la charge de travail, et donc de réduire Le nombre de postes de travail, en faisant travailler les salariés 46 ou 48 heures durant les semaines chargées ;
• flexibiliser ; c'est-à-dire élargir l'amplitude de la journée de travail avec de grandes pauses en milieu de journée (dans le commerce ou le nettoyage par exemple), faire effectuer à quelqu'un des tâches sans rapport avec sa qualification (comme du secrétariat par des ingénieurs) ou autres, la seule limite étant celle de l'imagination des patrons... Bref, c'est tout le contraire de ce que nous on veut, et de ce qui était annoncé !

A nous d'imposer de vraies 35 heures, avec embauches, maintien du salaire et sans flexibilité Il faut bien reconnaître que face à la pression patronale, la réaction syndicale n'est pas à la hauteur : on n'entend pas beaucoup les " grands leaders syndicaux " dénoncer tout ça, ni proposer aux salariés des moyens pour riposter. L'heure n'est plus aux manoeuvres d'appareils ou aux initiatives de boutique. Les patrons savent se faire entendre, les salariés doivent aussi le faire. Nos craintes et nos espoirs, nous devons pouvoir les exprimer avec la même force.

Nous proposons que toutes les organisations syndicales organisent avant l'été une journée d'action, avec montée à Paris de centaines de milliers de manifestants, pour dire

Oui aux 35 heures !

Avec des embauches !

Avec maintien des salaires !

Sans flexibilité !

Il y a quelques années, c'est comme ça que nous avions sauvé l'école laïque, alors, pourquoi pas aujourd'hui ? Les seules batailles perdues d'avance, c'est les batailles que l'on refuse de mener !